Alexa Wrzesinski - Ostéopathe DO
Parlez-nous de votre parcours, ce qui vous a mené à l'ostéopathie. 

J'ai commencé par faire des études de Podologie, puis en Posturologie. La vision globale de la personne me semblait fondamentale, mais ce métier n'offrait pas l'accès au champ psychologique/émotionnel qui était fondamental pour moi. J'ai donc repris mes études pour étudier l'Ostéopathie au sein d'une école (Holistea) qui était très orientée psychosomatique et qui proposait en dernière année une inscription conjointe avec le D.U de Psychosomatique de Paris VIII.  
La suite m'a donné raison, j'ai poursuivi dans ce domaine mais en l'orientant spécifiquement vers la périnatalité et la gynécologie.  
Ma pratique et mon écoute m'ont permis d'appréhender le symptôme comme étant un moyen magnifiquement utilisé par le corps pour exprimer une souffrance que la/le patient.e ne pouvait pas dire ou nommer.
 
Qu'est-ce qui vous a mené à accompagner les femmes ou peut-être les hommes vicitmes de violences sexuelles ? 

C'est la suite logique de l'écoute de ce qui n'est ni dit ni nommé, mais qui s'imprime profondément dans le corps de nos patients. La révélation s'est opérée dans le suivi des femmes infertiles, dont un très grand nombre (trop pour que ce soit un hasard) avait ces antécédents ou bien le partenaire, avec une incidence dans la relation au corps, à la féminité/masculinité, à la sexualité. Nous avons eu l'opportunité de monter en Alsace une plateforme de l'association Stop aux Violences Sexuelles, et de former un très grand nombre de thérapeutes au dépistage/prise en charge des victimes, de créer un maillage thérapeutique dense, et de sensibiliser la grande majorité des professionnels du pôle de Gynécologie-Obstétrique du CHU de Strasbourg.  
De là a découlé la mise en place de consultations spécialisées au CHU pour les femmes enceintes et les femmes en parcours de procréation médicalement assistée. Puis ma participation à la MIPROF au Ministère de la Santé pour la rédaction d'un livret pédagogique à destination des ostéopathes pour le repérage/prise en charge des victimes de violences conjugales et/ou sexuelles.


Qu'apprennent vos stagiaires lors de vos formations ? 

Le but est d'apprendre à regarder les choses sous un autre angle, de comprendre ce qu'est un traumatisme, les spécificités du trauma sexuel, les répercussions en termes de santé publique, l'impact des violences subies dans l'enfance, les définitions et les prises en charge actuelles.  
Il faut aussi apprendre à ressentir ce que l'approche du corps peut réveiller en terme de sensations, tant dans le versant négatif si nous n'avons pas dépisté en amont ces antécédents, que dans le versant positif, car le traitement par le corps est un magnifique outil de réparation et de remise en mouvement. 
Nous apprendrons donc aussi à ressentir, à nous reconnecter au toucher afin d'éclairer notre pratique quotidienne au cabinet et de mieux accompagner nos patients. 
 
Quelles sont vos inspirations en ostéopathie ou même en dehors ? 

Il y en a tellement, difficile de tous les citer au risque d'en oublier certains! J'ai aimé l'humilité de Pierre Tricot, le professionnalisme de Nathalie Camirand, le génie de Christine Michel-Schweitzer...Et je crois me nourrir autant en dehors de l'ostéopathie, dans les lectures (ou formations inspirées) de Carl Gustav Jung, Anne Ancelin Schützenberger, Annick de Souzenelle, Christophe André,et tant d'autres, je suis assez insatiable en matière de connaissances, d'ouverture d'esprit et de conscience !
 

Pour conclure, qu’avez-vous à dire à vos (peut-être) futurs stagiaires ?

Venez ! Le sujet est lourd mais il reflète parfaitement la réalité: c'est un tabou, on n'ose pas en parler car on ne sait pas comment l'aborder, tant personnellement que professionnellement. Se former c'est acquérir les clés d'un dépistage, offrir un lieux privilégié d'écoute et de dépose des symptômes, de prise en charge novatrice.  
Le prisme des neurosciences nous aide à mieux appréhender les spécificités de ces patients et permet d'optimiser nos traitements et d'inscrire l'ostéopathie comme une thérapeutique de choix dans le soin et la réparation des victimes.



Retrouvez le travail de la MIPROF auquel a contribué Alexa : 
https://arretonslesviolences.gouv.fr/sites/default/files/2022-1/guide_ostéopathes_violences_faites_aux_femmes_MIPROF.pdf

Retrouvez les Formations proposées par Alexa Wrzesinski : ici